
Une Escalade Tensionnelle Entre l’Algérie et les Pays du Sahel
Dans un geste sans précédent, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé, dimanche 6 avril 2025, le rappel immédiat de leurs ambassadeurs en Algérie. Cette décision fait suite à la destruction controversée d’un drone malien près de la frontière algérienne, un incident qualifié d’« acte d’agression inédit » par Bamako 13.
Un Incident Qui Met le Feu aux Poudres
Selon les autorités maliennes, le drone, en mission de surveillance antiterroriste, a été abattu par l’armée algérienne fin mars dans le nord du Mali, à seulement 9,5 km de la frontière. L’épave, retrouvée à la verticale, suggère une destruction par missile sol-air ou air-air, une thèse que le Mali considère comme une « action hostile préméditée »35.
« La distance entre le point de rupture de liaison avec l’appareil et le lieu de localisation de l’épave est de 441 mètres. Ces deux points sont tous situés sur le territoire national », a affirmé un communiqué conjoint de l’Alliance des États du Sahel (AES)5.
L’Algérie, de son côté, avait justifié l’interception en affirmant que le drone avait violé son espace aérien de 2 km, une version catégoriquement rejetée par Bamako, qui y voit une provocation délibérée15.
Des Mesures Radicales et une Dénonciation Internationale
Face à cet incident, le Mali a annoncé plusieurs mesures fortes :
- Convocation de l’ambassadeur algérien à Bamako pour une protestation officielle.
- Retrait immédiat du Comité d’État-Major Conjoint (CEMOC), une alliance militaire sahélienne.
- Dépôt d’une plainte devant des instances internationales pour « actes d’agression »15.
Une Relation Diplomatique au Plus Bas
Les tensions entre l’Algérie et le Mali ne datent pas d’hier. En décembre 2023, les deux pays avaient déjà rappelé leurs ambassadeurs après une série d’accusations mutuelles. Bamako reproche notamment à Alger de « soutenir des groupes terroristes » dans les zones frontalières, où l’armée malienne et ses alliés russes ont subi de lourdes pertes en juillet dernier15.
En janvier 2024, la junte malienne avait également mis fin à l’accord de paix d’Alger de 2015, un texte pourtant crucial pour la stabilité du pays, miné depuis 2012 par les violences jihadistes1.
Quelles Conséquences pour la Région ?
Les experts estiment que cette crise risque d’approfondir les fractures géopolitiques au Sahel. L’AES, formée en septembre 2023 après le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO, se positionne comme un contrepouvoir régional, marqué par un rapprochement avec la Russie et une défiance croissante envers l’Occident et certains voisins africains114.
Rida Lyammouri, expert du Sahel, tempère cependant :
« Les choses ne devraient pas dégénérer au-delà d’une guerre de communication. Ni l’Algérie ni les pays de l’AES n’ont intérêt à un conflit armé. »1
Et Maintenant ?
Alors que l’Algérie, l’une des puissances militaires les plus influentes d’Afrique, garde le silence pour l’instant, la balle est dans son camp. Va-t-elle apaiser les tensions ou durcir sa position ? Une chose est sûre : le Sahel reste une poudrière géopolitique, où chaque incident peut déclencher une escalade aux conséquences imprévisibles.
Restez informés pour suivre l’évolution de cette crise diplomatique majeure.