
Imaginez vivre dans un pays depuis des décennies, y construire votre vie, et du jour au lendemain, être traqué comme un criminel. C’est le cauchemar que vivent les Sub-Sahariens en Mauritanie, pris dans une tempête implacable déclenchée par une simple carte de séjour. Les autorités mauritaniennes ont décidé de serrer la vis : contrôles systématiques, arrestations brutales et expulsions massives. Personne n’est épargné, pas même les ressortissants de la CEDEAO, depuis que la Mauritanie a claqué la porte de cette organisation ouest-africaine.
Une chasse à l’homme sans distinction
Pour les Mauritaniens, peu importe que vous soyez un résident légal ou un migrant de passage : tous les Sub-Sahariens sont dans le même sac. Un Guinéen, installé depuis trente ans dans le pays, raconte, abasourdi : « La police ne fait aucune différence. On nous pourchasse comme des hors-la-loi. » Boutiques fermées, vies brisées – les forces de l’ordre débarquent sans crier gare, embarquant manu militari leurs proies vers des centres de rétention, avant un aller simple pour la frontière sénégalo-mauritanienne.
Un prix exorbitant pour la paix
Obtenir cette fameuse carte de séjour ? Un parcours du combattant. Son coût : 30 000 Ouguiya, soit 55 000 francs CFA ou environ 770 000 francs guinéens. Une somme que beaucoup sont prêts à payer pour retrouver un semblant de tranquillité. Mais les autorités ont flairé l’aubaine : elles exigent désormais un passeport valide et un visa d’au moins trois mois. Problème majeur pour les Guinéens : leur pays n’a ni consulat ni ambassade à Nouakchott. Résultat ? Ils sont laissés à la merci des abus policiers, sans recours possible.
Un cri de désespoir face à l’indifférence
Les témoignages sont glaçants. « Quand les agents arrivent, ils ne te laissent même pas prendre une aiguille, confie un autre Guinéen. Ils t’arrachent à ton magasin et te jettent dans un centre de rétention. » Face à cet enfer, la communauté guinéenne implore Conakry d’agir, à l’image du Sénégal. Le 17 mars, la ministre sénégalaise Yacine Fall a débarqué à Nouakchott, arrachant aux autorités mauritaniennes une promesse : clarifier d’ici fin mars les démarches pour les cartes de séjour des Sénégalais. Une lueur d’espoir pour certains, mais pour les Guinéens, l’attente est insoutenable. Où est leur sauveur ?
Le Ramadan, dernier refuge des damnés
En ce mois sacré de Ramadan, la crise s’invite jusque dans les mosquées. Le 19 mars, dans une mosquée de la banlieue de Conakry, un appel poignant a retenti : prières et sacrifices pour ces Guinéens piégés dans un pays qui les rejette après des années de vie commune. Ces « damnés de la terre mauritanienne » ne demandent qu’une chose : la paix, la sérénité, et un avenir loin de cette spirale infernale.
Et maintenant ?
Pendant que d’autres nations comme le Mali et le Sénégal se mobilisent, les Guinéens scrutent l’horizon, suspendus à l’espoir d’une intervention salvatrice. Cette crise, bien plus qu’une question administrative, révèle une tragédie humaine où des vies entières basculent dans l’ombre d’une carte de séjour. Combien de temps encore avant que leurs voix soient entendues ?